- La souveraineté numérique devient un enjeu stratégique pour protéger les données sensibles et assurer la résilience des entreprises.
- La dépendance aux technologies américaines expose l’Europe à des risques juridiques et opérationnels majeurs.
- Des stratégies concrètes émergent : cartographier les données critiques, adopter des solutions souveraines et intégrer la souveraineté dans la culture interne.
Les enjeux de la souveraineté numérique
La souveraineté technologique est un choix stratégique vital pour l’autonomie et la résilience des entreprises européennes.
Trois enjeux majeurs sont à prendre en compte :
- Résilience : comment être capable de maintenir ses activités même si un fournisseur étranger coupe l’accès à un service, comme l’a illustré l’exemple frappant de la Cour Pénale Internationale privée de son accès aux services cloud d’un géant américain.
- Impact économique : l’Europe verse chaque année 265 milliards d’euros à des technologies américaines ; comment réallouer une partie de ces budgets ?
- Indépendance numérique : Comment bâtir un écosystème de confiance fondé sur des solutions européennes, assurant la confidentialité, le contrôle et la protection juridique de nos données face aux législations extraterritoriales ?
Ces enjeux étaient d’ailleurs au cœur des échanges de la table ronde organisée par KPMG lors de Vivatech où Joy Alexandra Denis (RSSI d’Arquus), Stanislas de Rémur (CEO Oodrive) et Xavier Niffle (Directeur Innovation KPMG) ont rappelé que la question dépasse largement la technique : il s’agit d’un choix stratégique pour l’Europe et ses entreprises.
La Commission européenne a inscrit cette priorité dans le Digital Markets Act et le Data Act, tandis que plusieurs États membres – dont la France et l’Allemagne – poussent pour renforcer les investissements dans des solutions cloud et IA de confiance.
Malgré ces avancées réglementaires, la réalité reste préoccupante : 72 % des données européennes sont encore hébergées par des acteurs non européens, et les récents débats autour de l’extraterritorialité du Cloud Act américain rappellent la fragilité de notre souveraineté numérique.
Le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act), voté aux États-Unis en 2018, impose aux entreprises américaines de fournir aux autorités leurs données même si celles-ci sont stockées hors du territoire américain.
Concrètement, cela signifie que :
- Les entreprises, administrations et institutions européennes confient leurs données à des prestataires soumis à une juridiction étrangère, en l’occurrence le droit américain.
- Même si les datacenters sont physiquement situés en Europe, les sociétés mères étant basées aux États-Unis, elles, restent soumises aux lois américaines et les autorités peuvent exiger l’accès à ces données dans le cadre d’une enquête, sans passer par les canaux juridiques européens (ex: RGPD et principe de souveraineté nationale sur les données).
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Transformer la prise de conscience en actions concrètes
Malgré une prise de conscience de plus en plus marquée, de nombreux obstacles demeurent — notamment dans les marchés publics, où la mise en œuvre concrète tarde encore à se généraliser.
L’objectif n’est pas d’entrer en opposition avec les États-Unis, mais de rééquilibrer la capacité de choix et de co-construction.
Comment faire ?
- Cartographier et protéger les données stratégiques,
- Intégrer la souveraineté dans la culture interne, au même titre que la RSE,
- Attirer et fidéliser des talents sensibles à ces valeurs.
L’exemple concret d’Arquus, acteur clé de la défense, illustre parfaitement cette démarche : une approche pragmatique en trois temps, alliant évaluation rigoureuse des risques, adoption de solutions souveraines comme Oodrive pour sécuriser les échanges sensibles et collaborer avec ses partenaires et clients, et mobilisation des collaborateurs.
En somme, la souveraineté technologique et numérique conditionne la capacité des entreprises à protéger leurs données sensibles, à rester opérationnelles face aux tensions internationales et à créer de la valeur locale. La France et l’Europe peuvent transformer ces défis en opportunités concrètes : sécuriser leurs infrastructures critiques, stimuler l’innovation européenne et construire un écosystème numérique où la maîtrise des données n’est plus un risque, mais un avantage compétitif durable.