Ce qu’il faut retenir
- La localisation des données n’est plus un luxe mais une nécessité stratégique.
- Identifier les données critiques est un premier pas vers une stratégie souveraine.
- La réflexion est engagée dans de nombreuses entreprises françaises, mais sa mise en œuvre reste progressive.
- Le cloud de confiance offre une voie crédible pour répondre aux enjeux de sécurité, de conformité et d’indépendance.
« Le premier objectif, c’est d’être indépendant sur les données les plus sensibles, celles qui nous permettent de rester uniques et compétitifs.« — Sylvain Lefeuvre
À l’heure où les tensions géopolitiques se multiplient et où les entreprises s’appuient massivement sur des solutions cloud étrangères, la localisation des données devient un sujet de préoccupation stratégique.
Pour Sylvain Lefeuvre, Head of Sales et Expert en sécurité des données qui est intervenu lors du Forum InCyber 2025 sur ce thème, c’est un levier majeur de différenciation et d’indépendance pour les entreprises européennes, en particulier françaises.
De la dépendance technologique à la prise de conscience
« Lorsqu’on signe des contrats avec des acteurs américains leaders sur leur marché, on perd souvent la main sur la gestion de son budget informatique. » — Sylvain Lefeuvre
Ce constat illustre un déséquilibre croissant : les hausses tarifaires unilatérales imposées par certains fournisseurs cloud limitent la capacité des entreprises françaises à planifier, innover et investir dans leur propre souveraineté technologique. Ce manque de contrôle pèse fortement sur leur compétitivité.
Ces types de contrats réduisent la part de budget qu’une entreprise peut consacrer à l’exploration de solutions alternatives ou à des projets d’innovation.
Un impact économique massif en Europe
Le dernier rapport du CIGREF met en évidence que 80 % des dépenses liées aux logiciels et services cloud à usage professionnel en Europe sont effectuées auprès d’entreprises américaines Cigref. Cette concentration expose les entreprises européennes à des risques économiques et stratégiques, notamment en termes de dépendance technologique et de perte de souveraineté sur leurs données.
Identifier et classer les données : une étape clé
« On estime que 15 à 20 % des données, selon les secteurs, sont sensibles ou critiques. » — Sylvain Lefeuvre
Classer les données est un préalable à toute stratégie de localisation. Celles à caractère stratégique — données clients, R&D, données soumises au RGPD — doivent être isolées, protégées et hébergées dans un environnement maîtrisé.
Ce travail de fond, déjà amorcé par certaines entreprises françaises, permet de renforcer leur autonomie, mais surtout de planifier une réversibilité vis-à-vis des fournisseurs cloud, notamment américains.
Un impact progressif mais inévitable
« On ne sort pas des GAFAM du jour au lendemain. C’est une démarche qui se construit par étapes. » — Sylvain Lefeuvre
Alors que les directives de l’administration Trump (passée ou à venir) visent à restreindre certaines politiques internes aux entreprises, notamment RSE ou diversité, on assiste en parallèle à une montée en puissance des considérations autour de la souveraineté des données.
L’enjeu n’est pas tant l’urgence technique que l’accélération de la réflexion stratégique. Et cette réflexion est bel et bien en cours dans de nombreuses entreprises françaises, même si la mise en œuvre prend du temps.
Les Français entre méfiance et méconnaissance
Selon une étude relayée par La Dépêche, 43 % des actifs français se disent préoccupés par la dépendance aux plateformes comme Google, Amazon ou Microsoft. Pourtant, seulement 23 % estiment primordiale la localisation des serveurs en Europe, et 37 % ne savent pas où sont hébergés leurs outils numériques.
Ce décalage entre perception et action démontre un besoin d’éducation sur les enjeux de la localisation des données — et une opportunité pour les entreprises de se différencier en intégrant une véritable stratégie de souveraineté numérique.
Vers un cloud de confiance
Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique, des initiatives européennes telles que le cloud de confiance gagnent en visibilité et en maturité. Ce modèle repose sur un double impératif : bénéficier de services cloud innovants et performants, tout en garantissant un hébergement des données conforme aux normes européennes, notamment en matière de sécurité et de gouvernance.
SecNumCloud : label de confiance
Le référentiel qui garantit le plus haut niveau de sécurité pour la protection de vos données sensibles.
Parmi les acteurs qui incarnent cette approche, on retrouve Oodrive, acteur historique français, qui propose une suite collaborative souveraine et sécurisée (gestion documentaire, signature électronique, collaboration…). Oodrive est le premier prestataire à avoir obtenu des 2019 la qualification SecNumCloud délivrée par l’ANSSI, gage de conformité aux exigences les plus strictes en matière de sécurité cloud en France.
Cette offre de services permet aux entreprises et aux administrations de concilier :
- Excellence technologique ;
- Hébergement en France;
- Protection contre l’extraterritorialité juridique (comme le Cloud Act américain).
Le cloud de confiance devient ainsi une alternative crédible aux solutions dominantes du marché, en apportant des garanties concrètes sur la localisation, la confidentialité et la maîtrise des données.