Infrastructures numériques, connectivité, cloud, IA, semi-conducteurs… La dépendance de l’Europe à des infrastructures numériques et à des solutions gérées par des pays tiers est particulièrement criante et problématique pour la souveraineté technologique européenne.

Rétablir cette souveraineté vise à garantir l’indépendance de l’Europe et sa sécurité en protégeant ses infrastructures stratégiques et en réduisant sa dépendance à l’égard de fournisseurs de technologies non européens. L’Europe doit se doter de capacités lui permettant de maîtriser les technologies stratégiques nécessaires à son indépendance. Les tensions géopolitiques croissantes mettent au premier plan cette question de la souveraineté technologique européenne.

L’eurodéputée française Sarah Knafo (Reconquête!, L’Europe des nations souveraines) a été chargée de l’élaboration d’un rapport sur le sujet de la souveraineté technologique européenne et des infrastructures numériques, à l’initiative de la Commission en charge de l’Industrie, de la Recherche et de l’Énergie (ITRE). Publié en février 2025, ce rapport formule notamment des recommandations en matière de réglementation et d’initiatives d’investissement, avec pour objectif de réduire les dépendances de l’Europe aux technologies étrangères.

Des amendements à ce rapport ont été déposés au printemps 2025 par les groupes PPE (Parti populaire européen), S&D (Socialists and Democrats), Renew (Renaissance) et Les Verts/ALE (Alliance libre européenne), formant ainsi un « contre-rapport » (Compromise Amendment) au document initialement produit par Sarah Knafo.

Ce travail d’amendement a abouti à l’adoption en Commission ITRE, le 3 juin 2025, d’un rapport d’initiative appelant à une plus grande souveraineté technologique de l’Union européenne et à une réduction de ses dépendances vis-à-vis de pays tiers. Ce rapport a été adopté avec 63 voix pour, 5 contre et 10 abstentions.

Quels sont les points clés du contre-rapport de compromis porté par les groupes PPE, S&D, Renew et les Verts/ALE ? Oodrive, acteur majeur du « cloud de confiance » et défenseur historique de la souveraineté numérique européenne, livre son analyse sur le sujet.

Suite au rapport Knafo, un contre-rapport de compromis sur la souveraineté technologique européenne

Ce contre-rapport, amendé par les groupes EPP, S&D, Renew et les Verts/ALE, a repris l’essentiel des constats du rapport de Sarah Knafo sur les dépendances critiques de l’Union en matière de numérique.

Plusieurs éléments polémiques du rapport initialement présenté par Sarah Knafo ont tout de même été supprimés, par exemple les références directes à l’administration Trump, à un « Buy European Act », ou à des critiques frontales de la régulation européenne.

SecNumCloud : label de confiance

Le référentiel qui garantit le plus haut niveau de sécurité pour la protection de vos données sensibles.

Organisé en grandes thématiques (infrastructures publiques numériques, dépendances critiques, gouvernance, cloud et données, etc.), le contre-rapport privilégie une approche systémique. Il plaide pour des investissements coordonnés, une gouvernance ouverte des infrastructures et une réduction progressive des dépendances, plutôt qu’un protectionnisme numérique affirmé.

La souveraineté technologique y est définie comme la capacité de l’Union européenne à concevoir, développer et maîtriser ses technologies critiques pour garantir son autonomie stratégique. Elle implique la réduction des dépendances, le renforcement des chaînes de valeur européennes et l’émergence d’un écosystème d’innovation compétitif et résilient.

Oodrive, une position historique en faveur de la souveraineté technologique européenne

Si l’actualité internationale met au premier plan les relations de dépendance dans lesquelles est enfermée l’Europe sur le plan technologique, Oodrive défend, depuis sa création en 2000, une vision forte autour de la souveraineté technologique et du cloud de confiance.

Cette vision repose sur plusieurs exigences, notamment l’impératif pour les organisations, publiques comme privées, de garder le contrôle sur leurs données les plus sensibles, en les mettant à l’abri des lois extraterritoriales.

Alors que la souveraineté numérique est trop souvent résumée à la seule localisation des données (et donc à l’emplacement des datacenters), la vision défendue par Oodrive est celle d’une approche globale. L’enjeu n’est pas uniquement de savoir où sont stockées les données, mais de déterminer qui peut y avoir accès, et comment les protéger face au risque d’ingérence étrangère.

La souveraineté numérique repose également, pour Oodrive, sur le développement de solutions technologiques souveraines et autonomes. L’objectif : sortir de la dépendance technologique aux infrastructures et solutions de pays tiers. Preuve de son engagement en faveur de la souveraineté technologique, Oodrive est la première entreprise à avoir fait qualifier l’une de ses offres en 2019 par l’ANSSI et à avoir obtenu la qualification SecNumCloud.

Cet engagement fort en faveur de la souveraineté technologique européenne se reflète également à travers les prises de position de l’entreprise.

À l’échelle européenne, Oodrive défend le projet de certification européenne EUCS (European Union Cybersecurity Certification Scheme), à condition d’en faire un texte exigeant et réellement protecteur pour les données des organisations européennes. Cette future certification de cybersécurité doit donc être alignée sur les exigences de la qualification SecNumCloud. Le texte français est en effet le référentiel de sécurité le plus élevé au niveau européen.

Stanislas de Rémur, CEO d’Oodrive, insiste également sur la nécessité de soutenir l’industrie numérique européenne. Il plaide pour la mise en place d’une « préférence européenne en matière de numérique », permettant de favoriser les entreprises européennes du numérique. « Nous prônons la souveraineté, mais pas le souverainisme. Derrière chaque document sécurisé, il y a des idées, des projets, des brevets, des innovations, des contrats, des business plans, des talents… L’intérêt de prôner un cloud souverain français, aux valeurs européennes, c’est de protéger le patrimoine de nos organisations, et de nos États. Au-delà de proposer des logiciels collaboratifs sécurisés, nous protégeons l’économie française et européenne, et cela doit passer par une filière du numérique souveraine et confidentielle qui rayonne en France et à l’étranger. » conclue-t-il.

Rapport sur la souveraineté technologique européenne : et ensuite ?

Le rapport adopté en juin 2025 en Commission ITRE suite aux amendements des groupes EPP, S&D, Renew et les Verts/ALE met en lumière les dépendances critiques de l’Europe et formule de nombreuses recommandations concrètes pour s’en affranchir. Pourrait-il donner un nouvel élan au sujet de la souveraineté technologique européenne ?

Il s’agit d’un rapport d’initiative non contraignant. Ce rapport sera soumis, lors d’une prochaine session, au vote de l’assemblée plénière du Parlement européen. La Commission européenne pourrait décider d’inscrire une proposition législative contraignante, en lien avec les recommandations du rapport, à son agenda.

En parallèle, des acteurs comme Oodrive, engagés de longue date en faveur de la souveraineté numérique européenne, continuent leur travail.